Quand le ciel s’assombrit, que la tempête arrive,
Quand le meilleur de nous n’est plus qu’un souvenir,
Faut-il rêver encore ou déserter la rive,
Aimer encore un peu ou changer de décor ?
Plus rien ne nous retient que la force de vivre,
Nous reste-t-il assez de larmes pour le croire ?
La couleur et l’envie laissent la place au vide,
La coupe est à jeter, il n’y a plus rien à boire.
Nous sommes des bateaux fiers de notre fortune,
Les voiles bien arrimées lorsqu’on quitte le port,
Et l’on franchit les mers et l’on brise l’écume
Sur une étrave pressée de conjurer le sort.
Mais peu à peu le vent érode les voiles
La route est difficile et le cap imprécis.
Le bateau est fragile et il craint les orages,
La mer n’est plus l’amie qui nous avait séduits.
Toi l’enfant qui bientôt va découvrir le monde
Regarde autour de toi et souris à la vie
A chacun de tes pas s’écoule une seconde
Qui fuit sans s’attarder, trop vite évanouie.
Car ici rien ne dure, tu le verras sans doute,
L’étoile comme la chair, le fer comme le sang
Les hommes et les bateaux suivent la même route
Et il n’est pas d’armure qui protège du temps
Quand le ciel s’assombrit, que la tempête arrive,
Quand le meilleur de nous n’est plus qu’un souvenir,
Faut-il rêver encore ou déserter la rive,
Aimer encore un peu ou changer de décor ?